Ce document a pour but de présenter rapidement les bases de l'héraldique pour permettre à chacun d'aborder le sujet et de concevoir son blason. De nombreux sujets sont volontairement édulcorés pour faciliter la lecture. Un document plus complet est actuellement en cours de rédaction.
L'héraldique est la science de la description et de la représentation des armoiries. Elle s'appuie sur quelques règles définissant la façon dont sont choisies les couleurs et les symboles qui seront peintes sur un support et qui s'appelleront les "armes". Une des forme habituelle de ce support est le bouclier ou écu.
Le blason est la description littérale des armoiries, leur définition en mots utilisant un langage codifié assurant une très grande précision dans la représentation.
L'usage de peindre des motifs sur les boucliers remonte à l'antiquité. On pense notamment aux têtes de gorgones sur les boucliers grecs, à la foudre sur les pavois des légionnaires romains ou aux dragons des boucliers normands de la tapisserie de Bayeux.
C'est au XIIème siècle qu'apparaît le blason, probablement sous l'effet de l'amélioration de l'armure et du heaume qui rendent les combattants difficiles à identifier sur un champ de bataille. L'héraldique se répand très rapidement et à peu près simultanément dans toute l'Europe Occidentale.
Les premiers exemples connus sont la plaque émaillé de Geoffroy Plantagenêt, comte d'Anjou au XIIème siècle et des sceaux armoriés de la même époque (Gilbert de Clare, Raoul de Vermandois).
L'héraldique obéit à quelques règles simples et strictes. La principale est la règle de superposition des couleurs qui interdit de placer métal sur métal ou émail sur émail (voir ces termes dans le paragraphe sur les couleurs). Les armes qui ne respectent pas cette règle sont dites à enquerre, c'est à dire qu'on invite l'observateur a s'enquérir de la raison de cette violation. On peut penser que cette règle très ancienne visait à assurer une bonne visibilité sur les champs de bataille.
Autre règle fondamentale, une couleur héraldique est "conceptuelle". On considère qu'il n'y a pas de distinction lié aux nuances. Ainsi l'azur est toujours du bleu, qu'il soit représenté avec du bleu roi ou du bleu ciel.
Dernière règle, le blason, c'est à dire la description écrite des armoiries, prime sur le dessin. Cela permet de s'affranchir des interprétations et variations artistiques dans le dessin.
Le port des armoiries est libre pour tous et chacun peut concevoir et porter un blason respectant les règles de l'héraldique, tant qu'il ne s'attribue pas les armoiries d'un autre.
Au moyen âge, le port des armoiries a commencé avec les nobles et les chevaliers. L'engouement va rapidement s'étendre aux hommes libres et notamment aux artisans qui prendront des armoiries dans le cadre de leur corporation ou de leur communauté urbaine. Des bourgeois, les armoiries vont atteindre les paysans, notamment sur les sceaux.
Les couleurs que l'on peut utiliser dans la composition d'un blason se répartissent en trois catégories : les métaux, les émaux et les fourrures. Cette classification fait référence aux origines des couleurs, peinture pour les émaux, pièces métalliques pour les métaux et assemblage de peaux pour les fourrures.
Il existe deux métaux en héraldique, l'or et l'argent. L'or est représenté par la couleur jaune et l'argent par la couleur blanche. Il est très rare que les métaux soient effectivement représenté par une couleur métallique et cette pratique n'existe jamais au moyen âge.
Les émaux correspondent aux couleurs habituelles rouge, bleu, etc. Elles reçoivent un nom particulier en héraldique.
Rouge Gueules
Bleu Azur
Noir Sable
Vert Sinople
Violet Pourpre
Orange Orangé
Le pourpre et l'orangé sont des émaux extrêmement rares et pratiquement limitées à l'héraldique anglaise.
On connaît enfin deux couleurs un peu particulières, la carnation, qui représente la couleur de la peau et le naturel qui, pour un objet, signifie que celui-ci doit être dessiné dans sa ou ses couleurs réelles.
Ces deux couleurs sont aussi pratiquement inconnues au moyen âge.
Les fourrures sont l'aspect le plus étonnant de l'étude des couleurs héraldiques. Ces représentations codifiées trouvent leur origine dans les fourrures véritables qui ont servi à couvrir les boucliers ou à confectionner des habits.
Les fourrures sont caractérisées par une alternance de figures stylisées de couleurs différences, clochettes bleues et blanches pour le vair, mouchetures noires sur fond blanc pour l'hermine. Ces couleurs différentes donnent aux fourrures un caractère "amphibie" en ce qui concerne la règle de superposition des émaux et des métaux. Cela veut dire qu'il est possible de placer librement n'importe quelle couleur sur une fourrure et inversement. On trouve même le cas fourrure sur fourrure. La cité de Bregenz, par exemple, est représenté dans le Wappenrolle de Zurich du 15ème siècle avec un blason de vair au pal d'hermine.
Au départ, un écu présente un "champ" uni, c'est à dire une surface sans aucune addition. Ce champ peut être divisé suivant des formes géométriques qu'on appelle partition. Il existe des variations infinies mais le plus souvent, l'écu est partagé en deux ou quatre surfaces.
Chaque partition a un nom particulier suivant l'orientation de la marque de partage et le nombre de surfaces ainsi définies.
Une charge est une figure qui vient s'ajouter au champ de l'écu. Il peut s'agir d'une forme géométrique (une croix, une bande.) ou d'un dessin (un lion, une fleur de lys.). Une charge peut être unique ou répétée en de nombreux exemplaires.
N'importe quelle forme, n'importe quel objet peut figurer sur un écu. L'essentiel est cependant de respecter les règles du "bon goût", notamment en considérant que la pensée médiévale attachait une forte charge émotionnelle à ces symboles.
Ces formes géométriques trouvent leur origine dans les pièces métalliques qui renforçaient les boucliers. Elles sont assez typiques des premières charges portées sur les écus, leur simplicité s'adaptant bien à un usage militaire d'identification. A nouveau chaque pièce honorable porte un nom particulier l'identifiant sans ambiguïté.
N'importe quel dessin, pour peu qu'il respecte la règle de superposition des couleurs, peut devenir une figure héraldique. Il faut cependant reconnaître que le grille-pain n'est pas très habituel, surtout au moyen âge, et il vaut mieux choisir des dessins plus courants.
Les figures les plus communes aux moyen âge sont l'aigle, le lion et la croix.