Epée
La typologie des épées médiévales
L'épée est l'arme par excellence de la période médiévale. Intimement liée à l'image du chevalier, souvent désignée par son propre nom, Excalibur, Joyeuse ou Durandal, elle est présente tout au long du moyen âge, depuis les invasions barbares jusqu'à l'aube de la Renaissance.
Cette longévité s'est accompagnée d'une évolution dans la forme et l'usage de cette arme, amenant des changements dans les différentes parties de l'épée.
On distingue dans une épée les éléments suivants :
- Pointe : extrêmité de la lame,
généralement pointue ou ronde
- Lame : la partie de l'arme située sous la garde, généralement affutée sur au
moins une partie de sa longueur.
- Gorge : une sorte de goutière, creusée au milieu de la lame, servant à
alléger l'épée tout en renforçant la lame.
- Ricasso : partie non affûtée de la lame, située juste en dessous des
quillons.
- Quillons (ou garde) : barre métallique perpendiculaire à l'arme et séparant
la lame de la poignée.
- Fusée (ou poignée) : partie supérieure de l'épée par laquelle on tient
l'arme.
- Pommeau : extrêmité supérieure de l'épée, terminant la poignée.
Les autres éléments caractéristiques sont :
Forme de la section de la lame :
en diamant, avec une gorge ou sans, plus ou moins large...
Point d'équilibre
Soie : partie de la lame se prolongeant dans la poignée.
Une typologie a été établie par
Ewart Oakeshott, un archéologue anglais, qui fait maintenant autorité dans le
domaine. Elle distingue les épées suivant treize types, de X à XXII.
Cette typologie vient en complément d'une typologie antérieure sur les épées
vikings, qui comptait neuf modèles. C'est pour cette raison qu'Oakeshott débute
sa numérotation à X.
L'épée
de type X a été d'un usage courant de la fin de la période viking jusqu'au
XIIIème siècle.
Elle se caractérise par une lame plate et large d'une longueur moyenne de 80 cm
avec une gorge large et peu profonde courant sur toute la longueur de la lame.
La pointe est généralement arrondie.
La poignée a une longueur moyenne d'environ 10 cm, proche des épées vikings.
La soie, habituellement très plate et large, s'affine brusquement vers le
pommeau.
La garde est généralement de section carrée, mesure entre 18 et 20 centimètres,
s'affine vers les extrémités et est dans quelques rares cas légèrement incurvée.
Elle est plus étroite et plus longue que la garde viking typique, représentant
un type transitoire vers l'épée chevaleresque du haut moyen âge.Les pommeaux ont
habituellement une forme en noix du Brésil, ou parfois une forme en disque.
En 1981, Oakeshott a présenté un sous-type Xa, portant sur des épées aux lames
semblables mais avec une gorge plus étroite, à l'origine classifié sous le type
XI.
Beaucoup du type lames de X portent la marque de fabrique ULFBERHT.
Type XI
Lame à
pointe aigue, existant entre 1100 et 1175.
Le sous-type XIa a une lame plus courte et plus large que le type XI.
Type XII
Typiques du haut moyen âge, ces épées commencent à avoir une lame effilée avec
une gorge raccourçie, améliorant ainsi leurs caractéristiques d'estoc, tout en
conservant de bonnes capacités de taille. Un grand nombre d'exemples médiévaux
de ce type survivent.
Ce type a certainement a existé dans la dernière partie du 13ème siècle, et
peut-être beaucoup plus tôt, le Schweizerisches Landesmuseum à Zurich possèdant
un exemple avec une lame de type XII et une poignée viking.
La plus ancienne représentation connue d'une épée de type XII est la statue de
l'archange Saint Michel dans la cathédrale de Bamberg, datant d'environ 1200. La
bible de Maciejowski (aux alentours de 1245) dépeint d'autres exemples.
Le sous-type XIIa (à l'origine classifié comme XIIIa) regroupe les grandes
épées, plus longues et plus lourdes, qui apparaissent au milieu du XIIIème
siècle, probablement en réponse aux améliorations de l'armure. Ces épées sont
les prédécesseurs des épées longues postérieures.
Type XIII
Ce
type est caractéristique de l'épée chevaleresque classique qui s'est développée
à l'époque des croisades. Les exemples typiques datent de la deuxième moitié du
13ème siècle.
Les épées de type XIII se définissent par une lame longue et large aux bords
parallèles, se terminant par un bout très arrondi.
La section de la lame est de forme lenticulaire.
Les poignées, plus longues que dans les types précédents, font typiquement
environ 15 centimètres, permettant l'utilisation occasionnelle à deux mains.
Les quillons sont habituellement droits, et le pommeau est en forme de noix du
Brésil ou de disque.
Le sous-type XIIIa a une lame et une poignée plus longue. Il correspond aux
Langeschwert allemandes, à l'épée de bataille française ou à la grete sword
anglaise.
Egalement connu en France sous le nom de grans espée d'Allemagne, on peut
supposer que cette forme était originaire du Saint Empire.
Les premiers exemples apparaissent au 12ème siècle, et il est reste courant
jusqu'au 15ème siècle.
Le sous-type XIIIb décrit une forme d'épée proche du XIIIa, mais prévu pour
l'usage à une seule main. Dans ce cas seules les dimensions générales de l'arme
évoluent (lame, poignée, garde).
Très peu d'exemples du type XIII principal existent, alors qu'on trouve encore
beaucoup de modèles du sous-type XIIIa. Une représentation d'utilisation à deux
mains apparaît dans le psautier de Tenison. Une autre description du type
apparaît dans le manuscrit de l'Apocalypse de Saint Jean daté de 1300 environ.
Type XIV
L'épée
de type XIV a une lame courte de section plate. Elle s'affine fortement de la
poignée à l'extrémité et s'achève sur une pointe aigue.
La gorge court sur environ la moitié de la longueur de la lame.
La poignée est généralement courte (10 cm en moyenne) mais peut aller jusqu'à 12
cm. La soie est épaisse aux bords parallèles.
Le pommeau est toujours de forme ronde.
La garde est généralement longue et arrondie (et très rarement droite).
Type XV
La
lame de type XV s'affine régulièrement vers la pointe, avec une section en
diamant et une pointe aigue. Ce type existe entre 1300 et 1500.
Le sous type XVa a une lame plus longue et plus étroite. Il est bien connu pour
être le modèle d'arme utilisé dans l'escrime de Johannes Liechtenauer.
Type XVI
Le
sous type XVIa a une lame plus longue, aux alentours de 70 à 80 cm, avec une
gorge proportionnellement plus courte que le modèle principal.
Type XVII
Avec
une lame très effilée de section heaxagonale, une pointe très aigue et une
poignée à deux mains, l'épée de type XVII est une réponse au développement des
armures de plaques. Certains modèles, particulièrement renforcés, pèsent jusqu'à
2 kgs. On trouve des épées de type XVII des années 1360 à 1420.
Type XVIII
L'épée
de type XVIII a une lame large à la base avec une section en diamant et une
poignée courte.
Le sous-type XVIIIa a une lame plus étroite avec une plus longue poignée. Le
sous-type XVIIIb a une plus longue lame et une longue poignée et étaient en
service aux environs de 1450 - 1520. Sous-type XVIIIc : large lame d'environ 90
centimètres de long.
Type XIX
Le
type XIX est une forme d'épée du XVème siècle pour l'usage à une main. Sa lame
est plate et large, avec les bords parallèle, une ou plusieurs gorges étroites
et un ricasso.
Type XX
Epée à
"une main et demi", souvent à deux gorges, utilisée au XIV et XVème siècle.
Le sous-type XXa a une lame plus étroite.
Type XXI
Épée
de type Cinquedea, fin du XVème siècle. La lame est large, d'où le nom (cinq
doigt de largeur à la base), et s'affine jusqu'à une pointe aigue. Deux gorges
ou plus, fines et profondes courent sur au moins le premier tiers de la lame.
La garde est incurvée et généralement courte, ne dépassant que peu la largeur de
la lame.
Le pommeau est souvent en disque, parfois en U.
Cette forme d'épée est typique des premières années de la Renaissance et
principalement originaire d'Italie du Nord.
Type XXII
Epée à
lame plate et large avec deux gorges courtes et étroites. Ce type existait aux
environs des années 1500.